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La peinture et les écrits d'André
20 février 2014

Maudit Flye

                                                     MAUDIT FLYE  !!

 

 

 

 

      Le thonier miniature, suspendu à la poutre du plafond, tournoya doucement sous l'influence du courant d'air, puis chuta brusquement dans l'aquarium de deux cents litres, éjectant Jonas, le gentil poisson rouge. Celui-ci se retrouva  au milieu d'une flaque qui entachait  la belle nappe jaune, agrémentée de fruits et de fleurs bleus. 

- Tu ne pouvais pas faire attention ! cria la maîtresse de maison.

- Pourtant, il était solidement amarré. Mais ce courant d'air… se défendit Ambrosio. En tout cas, il est comme l'Autophibie, il ne coule pas !

- Oh ! arrête de nous rabattes les oreilles avec ton Autophibie.

      Après avoir remis Jonas dans son élément, Ambrosio raccrocha solidement la maquette,

- Tu es bien sûr de ta fixation, cette fois-ci ? lui demanda son épouse.

- Aussi sûr que je marche droit.

- Oh ça ! Répondit -elle en s'enfermant dans la cuisine,  claquant la porte.

     

      Sur ce, Ambrosio, chagriné par les désaccords avec sa "bergère", décrocha sa casquette de marin, souvenir d'un officier de marine canadien, la ficha sur son crâne à la chevelure blanchie, prit sa canne et se dirigea d'un pas paisible, le dos légèrement voûté, vers le bistro au bord du fleuve. Là, l'attendaient les vieux copains, avides d'histoires, comme les petits enfants. Cela les aidait à supporter la monotonie de leur vie devenue inutile et à oublier leurs rhumatismes ! Car Ambrosio était un personnage hors du commun, il avait vécu un évènement fantastique. Ceux-ci ne se lassaient pas de l'écouter, quitte à rectifier  l'anecdote quand Ambrosio commençait à dériver au troisième pastis.

- Ambrosio, raconte !

- Bah! C'est le thonier qui est tombé dans l'aquarium…

- On s'en fout de ton thonier, parle nous de " l'Autophibie ".

- …

- Oh ! Ambrosio..

- Oui, l'Autophibie, répondit rêveur, notre héros. Je me souviens… commençait-t-il toujours, en repoussant sa casquette en arrière. Et pour la énième fois, il racontait une nouvelle version de son inimaginable odyssée.

 

 

                                                                        *

 

- C'était par un petit matin gris, je partais au boulot. Pour une fois ma "super bagnole" ne voulait pas démarrer. De colère je lui "flanque" des coups de "lattes" sur la porte et la roue. Est-ce ça ? Je me réinstalle au volant, met le contact et ça marche. Mais ! car il y a un mais important. La "première" était enclenchée, le frein desserré et j'habitais, à cette époque, au sommet de la rue " Qui grimpe en pente ", vous savez, celle qui donne sur le port.

- Elle existe toujours mais elle est interdite à la circulation automobile, dit le greffier.

- Ca doit-être suite à ta cascade, reprit un autre, sous les éclats de rire.

- Peut-être, répondit Ambrosio, continuant sa narration. Devant ma "tire" il y en avait une autre avec une attache à l'arrière, et vlan, me voilà "ancré". Les deux engins et moi, sommes partis dans une descente vertigineuse qui occasionna bien des bosses aux autres voitures en stationnement, pour sûr ! J'ai eu beau freiner des pieds et des mains, tintin ! rien n'y fit. Sur les trottoirs, ça criait, ça riait. J'ai même entendu des " olé ! " et un gars qui m'a dit " J'espère que t'as un maillot de bain; mec ! " Ce qui m'a fait réaliser que les vitres étaient baissées. J'ai, fermé "fissa". L'amerrissage fut spectaculaire. La première bagnole se décrocha et coula à pic, une de ses vitres étant ouverte. Tandis que mon " char " flottait et dérivait doucement sous les applaudissements. Je poussai un grand ouf de soulagement, mais dans le même temps je me disais " Sûr que je vais me faire virer à cause de mon retard ". Alors je fais coulisser mon toit ouvrant pour faire des grands signes et demander de l'aide. Pensez-vous, on m'applaudit de plus belle. Pendant ce temps-là, l'Autophibie continuait sa dérive sur la Garonne, encadrée par d'autres embarcations dans lesquelles des gens me passaient à manger, à boire et des couvertures. J'avais beau leur dire de me sortir de là, rien à faire. Ils me prenaient pour un de ces capitaines courageux qui bravent les Océans, à la nage, à la rame ou à la voile. Tandis que moi, je n'étais qu'un capitaine d'opérette en complet veston et cravate. Ils étaient fiers de participer, à leur manière, à un nouvel exploit, s'il devait y en avoir un.

- Mais tu ne craignais pas de couler ? Lui demanda l'ancien maître-nageur.

- Oh, que si, et c'est bien pour ça, qu'au bout d'un moment, découragé de n'être pas écouté, j'ai fermé mon toit.

- Comme quoi il est difficile de se faire entendre dans ce bas monde, quand l'on ne veut pas, ou ne peut pas écouter l'autre. Ainsi naissent les racismes et les guerres, dit sentencieusement José, natif de Barcelone.

- Oh, là, là, mais t'es un philosophe, toi, dit Ernest, où t'as appris tous ces trucs ?

- A l'école de la vie, muchacho.

- Bon , arrêtez vos discussions. Continue Ambrosio.

- Où j'en étais, reprit notre conteur, qui entamait son premier pastis.

- Toujours sur la Garonne, l'aiguilla un autre.

- Ah oui. Si je me souviens bien, le temps s'était levé et je naviguais sous un ciel clément. Le fleuve était tranquille, sauf une petite turbulence à la rencontre avec la Dordogne, mais pas de quoi faire couler l'Autophibie.

- C'est toi qui l'avait appelée comme ça ? Lui demanda-t-on.

- Ben oui, je n'avais pas de prénom féminin en tête, ou trop pour choisir, alors me rappelant que je me trouvais dans une voiture qui, par miracle flottait, j'ai trouvé ce nom qui faisait un peu grec. Donc, mon rafiot et moi, fillions paisiblement, loin de faire du mille à l'heure, vous vous en doutez. Partout où il y avait des routes qui longeaient les berges, j'apercevais des voitures qui me suivaient, des gens qui m'acclamaient. C'était sympa, je ne peux pas dire, mais je me demandais jusqu'où j'irais comme ça. Je doublais l'île Verte sur sa droite. En passant devant Blaye un joyeux public me saluait  Dépassée l'île Philippe je réalisai que je naviguais lentement, en comparaison avec les petits voiliers que je croisais. Me prenant au jeu de cette folle aventure, c'est là que j' eus une idée géniale. Par un heureux hasard j'étais allé à la pêche, huit jours auparavant et je n'avais pas déchargé ma voiture. Je plongeai dans mon coffre pour y récupérer ma canne à pêche et une bâche plastique ainsi que du fil nylon.

- Oh! Comment t'as fait pour aller dans ton coffre, t' es sorti de ta voiture ?

- Non, j'ai tout simplement viré le siège arrière, sans faire de vagues !

- Ah bon.

- Alors, avec ces trois éléments je me suis bricolé une voile rudimentaire, reliée aux deux rétroviseurs et à ma canne déployée. Ensuite, n'étant pas un "prieux", j'ai tout de même interpellé  Neptune pour qu'il me donne un coup de main en cas de problème.

- Pourquoi Neptune ? Dieu ne te suffisait pas, lui fit remarquer un bigot à la retraite.

- Dans ma situation il était nécessaire que je m'adresse à un spécialiste, tu comprends, lui rétorqua Ambrosio. Bon, j'arrête cinq minutes les gars, j'ai soif.

- Eh Jeannot, un pastis pour Ambrosio, commanda un de ses auditeurs.

- C'est comme si c'était fait, répondit le loufiat.

      Ambrosio sirotait son pastis en fermant les yeux. Il savait s'y prendre avec les copains pour se faire offrir l'apéro à chaque rencontre. Il faisait mine de sortir son porte-monnaie, ou prétextait un quelconque oubli. De suite, il y avait une levée de boucliers pour s'interposer à l'opération.

- Je t'en prie, laisse Ambrosio !

- Vous me gênez les amis…. Bon merci… mais la prochaine fois…

      Il n'y avait jamais de prochaine fois, l'auditoire tenait trop à son héros.

      Ambrosio fit claquer sa langue de satisfaction et enchaîna. " Ma première grande frayeur ce fut quand je coupai la route du bac le Verdon- Royan. La rencontre fut à ce point limite que je m'attendis au choc d'une seconde à l'autre et je crus bien ma dernière heure venue. Je m'étais couché sur le siège de mon Autophibie, ballottée comme une coquille de noix par les remous du bateau. Je vous laisse imaginer combien ces quelques minutes m'ont semblées durer des heures. Enfin, mon original rafiot reprit une nage normale, et j'eus la nette impression d'être en pleine mer. Le dernier visage "humain", si je puis dire, fut le phare  du Cordouan, où j'espérais bien m'échouer. Neptune en décida autrement, m'invitant à partager avec lui, le silence tout relatif, de la haute mer.

- Eh bien, Ambrosio, serais-tu poète ?

- Vous savez, j'ai eu le temps de réfléchir durant ce mois interminable, seul avec les vagues et les mouettes. D'ailleurs, c'est à ce moment-là que j'ai commencé à grisonner de la touffe.

- Normal, tu te faisais des cheveux, dit un plaisantin.

- Partir c'est mourir un peu ! répliqua gravement un autre.

- Je sais, et je crus bien mourir cent fois, durant cette traversée, enchaîna Ambrosio. J'avais chaud ou froid, faim ou soif. et  pour ne pas devenir dingue je m'occupais de mon mieux, compte tenu de l'espace dont je disposais. Tout d'abord je faisais un peu de gym. Ne rigolez pas. Je me mettais sur le dos et pédalais le plus longtemps possible, je faisais des flexions extensions et autres mouvements divers. Puis je m'attaquais au mental, je chantais, je parlais aux personnes que j'avais connues et j'essayais de me remémorer leur adresse, leur numéro de téléphone, à quelle occasion je les avais rencontrées, ce que nous avions fait ensemble. J'avais monté un calendrier, écrit mon journal de bord. J'avais aussi organisé mon rationnement, car j'ignorais la fin de ma traversée. J'avoue que de ne pas savoir où j'étais et où j'allais m'était une cause de grande angoisse. Rappelez-vous que je n'étais pas préparé pour la situation que je vivais, je n'avais aucun entraînement. Mes contacts avec la mer se réduisaient à la plage, à quelques brasses et à la bronzette, pour épater les filles. Parfois un cargo ou un transat me saluait à coup de sirène. Les passagers m'acclamaient et moi je les traitais de tous les noms,  pleurant de rage, mais bien sûr, ils ne m'entendaient pas. Revenu à ma solitude, je me consolais avec les mouettes qui se posaient sur le "pont", devant le par-brise. Je tapotais la vitre et elles en faisaient autant du bec. Quand la mer était calme, j'en profitais pour faire le ménage et aérer. J'ouvrais le toit et je jetais les divers déchets, y compris les organiques.  Sans filer comme un catamaran, j'aurais pu  doubler une barque "godillée". L'ennui, c'est que je n'avais pas de gouvernail et encore moins de boussole. C'était vraiment à la grâce de Dieu, je dirais même au gré des vents.

       J'étais persuadé que je finirais par couler avec l'Autophibie. J'appréhendais ce moment inéluctable en me posant de multiples questions sur ces pénibles instants. Si l'eau entre brutalement, aurai-je le temps d'ouvrir le toit pour m'échapper. Mais si je me trouve dans un lieu infesté de requins, il serait peut-être préférable que je reste enfermé. Mourir pour mourir, cela devait être moins terrible de se noyer que d'être bouffer par les requins. Par contre si il n'y pas trop de danger alentour, j'aurai peut-être intérêt à sortir et essayer de surnager jusqu'au prochain secours, fort aléatoire. Enfin, j'imaginais toutes sortes de scénario pour me préparer à cette situation et me donner un peu d'espoir. Vous ne pouvez savoir tout ce qui vous passe par la tête durant ces heures difficiles. Secrètement, j'admirais le courage de ces capitaines qui se laissaient engloutir avec leur navire. D'autant qu'adolescent j'avais failli me noyer dans le grand bain d'une piscine. J'avais réagi en frappant le fond du pied pour remonter, mais il n'y avait que deux mètres. je me  pose encore la question sur cette imprévisible flottaison de  l'Autophibie. Les grands et petits bateaux, en bois ou en fer, sont étanches, alors pourquoi pas mon originale embarcation !

- A la vôtre, les gars ! Dit-il , en finissant son deuxième pastis.

      Jeannot, qui connaissait ses clients et leurs habitudes, apporta discrètement un autre verre à Ambrosio, qui le remercia d'un signe de tête.

- Il est gentil ce gamin, dit-il

- Et surtout très observateur, répondit un autre en souriant.

 

 

- Pour en revenir à ma mort, continua Ambrosio, après avoir bu une gorgée de son troisième pastis, je me disais  qu'il était fort possible que je meure d'inanition. Je m'affaiblissais de plus en plus car mes réserves baissaient. J'avais bien essayé la pêche à l'aide d'une longueur de fil nylon, avec un hameçon au bout,  mais le poisson cru !  J'abandonnai très vite ce sport. Et puis j'avais de plus en plus de difficulté à faire ma gymnastique quotidienne et mes soliloques devenaient assez décousus. Je n'en pouvais plus, je n'osais pas regarder ma tronche dans le rétroviseur. Je me faisais peur avec les cheveux dégueulasses qui recouvraient ma tête comme une perruque, la barbe  qui me dévorait le visage. J'avais les yeux enfoncés et rougis. Un jour, j'étais assis devant mon volant, ce qui  me rassurait plus qu'il ne m'était utile, les mains dessus j'avais l'impression d'être le maître à bord. Un jour donc, j'ai cru voir la terre. Je me suis frotté les yeux en me disant " t'hallucines, mon vieux, tu deviens fou". Là, je me suis mis à chialer, puis enfin, je me ressaisi. A deux ou trois reprises, les jours suivants et par temps clair, j'ai revu la terre et la mort de très près. Des bestiaux énormes passaient à quelques encablures de ma coquille de noix. Ils crachaient de l'eau, semblables à des geysers, plongeaient, ressortaient. Je me disais," Ambrosio, prépare-toi"  Je ne réalisais pas que c'était des baleines. J' étais dans un état second.

.- Par la suite des amis m'ont emmené les revoir à Tadoussac, au Québec, à bord d'un bateau confortable.

- A ce moment là, tu étais où ?

- J'arrivais sur le Saint-Laurent, sans le savoir. J'ai appris tout cela, par la suite, à l'hôpital.

- Ah bon, pourquoi tu étais malade ? Questionna, hypocritement, un auditeur qui connaissait l'histoire par cœur.

- Non, mais très affaibli. Sur le Saint-Laurent, je voyais la terre tantôt à droite,  tantôt à gauche, pas toujours très nettement, car figurez-vous que la Garonne ou la Dordogne sont des rivières à côté de ce fleuve. Un témoin québécois m'a raconté que jadis, le paquebot France a viré complètement de bord, devant la ville de Québec, là où le fleuve est le plus étroit, pour vous donner une idée de sa profondeur et de sa largeur. Donc des bateaux sont venus vers moi, des remorqueurs m'ont accompagné jusqu'à Québec .Mais moi, je ne répondais plus et les marins les plus proches  de l'Autophibie s'en sont vite rendu compte.

- Tu devais te sentir soulagé, Ambrosio.

- Oui et non. Vous savez, à ce moment là je n'étais plus très conscient.

- On s'en doute, dit José

- Enfin, plus rien ne bougea. L'Autophibie devait se trouver à terre. Je crois bien que je m'étais évanoui. Quand soudain, un bruit strident, épouvantable à mes oreilles, m'a ranimé. . Des  gars  découpaient le toit de l'Autophibie pour m' en sortir.

- Dommage !

- Cette bagnole était tellement "maganée" comme disaient les québécois, qu'elle était juste bonne pour la ferraille.

- Oh, quès aco maganée.

- Très endommagée.

- A l'hosto, j'ai dormi pendant , au moins, deux jours à ce que l'on m'a raconté. J'étais dans une chambre paisible à l'Hôtel Dieu de Québec. Dans un lit aux draps blancs. Tondu, rasé, bien propre. Toutefois, je ressentais un certain malaise dans ce silence et cette immobilité, parce que ça tanguait encore dans mon corps et dans ma tête.

- Il paraît que c'est une sensation chez les marins, après plusieurs jours de mer, lui dit Ernest.

- Peut-être. En tous cas, Je suis resté une dizaine de jours dans cet hôpital pour me retaper. J'avais la ligne. Le Consul de France est venu, en personne pour me féliciter et me remettre un passeport. J'ai eu la visite des journalistes qui m'ont proposé d'acheter l'exclusivité d'un article sur mon aventure.

- On t'en a offert beaucoup ?

- Pas mal. Il faut dire que j'avais bien "barguiné".

- Qu'est-ce que ça veut dire, encore, ce mot là ?

- Barguiner ! C'est du québécois. Autrement dit, marchander en français.

- Tu es revenu en bateau ? Lui demanda le greffier.

- Sûrement pas, en avion oui !  J'avais été dégoutté de la mer pour un bout de temps.

- Qu'as-tu fait de l'Autophibie ?

- Je l'ai  complètement abandonnée, elle était devenue une trop "vieille picouille", pour un musée. J'avoue que je l'ai regrettée. On s'attache aux objets qui vous ont fait souffrir et avec lesquels on a partagé une période de sa vie. Mais j'ai des photos dans un album qui lui est consacré, avec des articles de presse et tout et tout.

- Il va falloir nous faire voir ça, Ambrosio. Tu ne nous l'avais pas dit

- Promis, je l'apporte la prochaine fois, répondit Ambrosio.

- Mais dis donc, Ambrosio, intervint José, tu as un sacré vocabulaire maintenant.. barguiner, maganer, vieille picouille.  Où as-tu appris tous ces mots ?

- Mais au Québec, les gars. maganer veut dire abîmé. Vieille picouille, complètement décrépie. Vous voyez, c'est simple.

- Tu parles, c'est du javanais ça.

- Donc, après mon séjour à l'hôpital, je suis resté quelques jours à Québec, pris en charge par une famille. Avec eux, j'ai visité la ville et ses environs. Un jour, ils m'ont invité dans un restaurant situé à la pointe de l'île d'Orléans qui donnait sur le chenal des grands voiliers. Ce restau s'appelait La Goëliche. Les goëliches étaient des petites goélettes qui faisaient la navette entre la terre et les grandes pour assurer leur déchargement. Le genre de bateaux qui auraient pu me remorquer à l'époque.

       J'ai des souvenirs inoubliables de ce pays, ce qui m'a consolé de mon extraordinaire traversée. Avouez, parcourir les Océans dans une vulgaire voiture, malgré moi, aurait pu me rendre fou.

- Maudit flyé, me disaient les québecois, tu peux dire que t'as été "lucky" !

- Le principal Ambrosio, c'est que tu sois là. Et ton retour à Bordeaux ?

- Heureusement,  j'étais attendu à l'aéroport, avec une grosse surprise. Mon patron était là, jovial, tout excité. Il n'avait qu'une hâte, me ramener à l'agence

- Quelle agence ? Tu travaillais dans les assurances, Ambrosio ?

- Absolument pas, j'étais vendeur de voiture.

- Tu vendais des bagnoles !

- Hé oui!  Mon voyage fantastique, avec une des voitures que je représentais, servit de pub à notre marque. Ce qui m'a valu la place de directeur-adjoint de l'agence. Moi qui craignait tant de me faire virer.                       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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